Rencontre thématique #2 : Les droits culturels pour l’enfance et la jeunesse

Durant une journée complète 50 professionnel·le·s se sont réuni au Théâtre Antoine Vitez à Ivry-sur-Seine pour partager leurs expériences des droits culturels.

Une matinée dédiée à des projets de lieux

Après une ouverture autour de l’association Île-d’Enfance, la matinée a pu être l’occasion de présenter divers projets à travers l’Île-de-France.

Droits culturels en Essonne

La première conférence portait sur l’expérience de l’Agora à Evry menée par Christophe Blandin Estournet. Pour lui, il y a plusieurs manières de considérer les droits culturels, entre ceux qui les craignent ou les rejettent car ils croient qu’ils véhiculent du populisme et ceux qui sont persuadés d’en faire depuis toujours. Son projet artistique s’appuyait sur la relation au territoire : construire des propositions hors les murs, s’adresser prioritairement aux familles pour toucher le jeune public, faire participer les habitants. Grâce à son projet, les relations entre les habitants et la Scène Nationale se sont beaucoup resserrées.

Le lien aux habitant·e·s au premier plan

La seconde racontait l’expérience du Plus Petit Crique Du Monde avec Eleftérios Kechagioglou. Le projet du PPCM est né d’une activité d’ateliers de cirque dans les quartiers. Le PPCM a existé avant d’avoir un lieu. Celui-ci voulut mettre en avant le lien aux habitantes et habitants, ainsi, ils et elles ont participé à la définition et à la conception du lieu. Aussi, dans la conception du PPCM, les artistes ont une place centrale dans le lien à la population.

Pôle arts et handicaps du 94 : titre provisoire…

Enfin, la matinée s’est clôturée par une intervention d’Hélène Caubel, coordinatrice d’Anis Gras – le lieu de l’Autre. Ce lieu est un pôle arts et handicaps qui existe depuis 20 ans. Tourné vers les artistes, c’est un lieu de résidence d’artistes ouvert 24h/24h (les artistes peuvent y aller même la nuit quand il n’y a plus l’équipe, de manière autonome). Le lieu accueille tous les artistes qui le demandent sans sélection sur projet artistique. Anis gras a commencé à travailler avec des artistes en situation de handicap puis à repenser complètement son projet pour être le plus inclusif possible. Il investit même dans du matériel technique adapté (il est en train de faire construire des gradins par exemple).

Afin de répondre à l’enjeu du handicape dans le monde du spectacle vivant, il réfléchit à tous les freins pour les artistes en situation de handicap et aux moyens d’y remédier, à l’accompagnement spécifique que cela implique.

Une après-midi thématique

L’après-midi s’est concentrée sur des thématiques plus spécifiques, que ce soit la communication, l’accueil du spectateur ou encore la place de l’enfant dans la création.

Comment repenser nos outils de communication en tenant compte des droits culturels ?

Pour l’aspect communication, le groupe a pu explorer divers carnets du spectateur ou brochures jeune public. L’objectif étant de questionner l’objet et de s’interroger sur comment mieux impliquer l’enfant lorsqu’il est spectateur. Marie Poirier, graphiste et Christophe Adriani du Théâtre Antoine Vitez ont chacune et chacun présenté leur objet et leur utilisation. Une partie de la discussion a mis en avant la question du vocabulaire. Comment s’adresser aux enfants dans notre communication. Ainsi, la plaquette peut aussi être un outil pédagogique pour apprendre un vocabulaire spécifique au spectacle vivant.

Quels espaces d’accueil des enfants et des familles dans les lieux culturels ?

 Léon Cambou du centre culturel Jean Houdremont ainsi que le café Zoïde et Terrain d’aventure la petite plage ont pu animer ce second atelier. Le point central et commun entre les deux projets était celui de la participation des usagers à la construction et la vie de ces lieux. D’un côté, l’espace famille d’Houdremont qui s’est construit avec les assistantes maternelles, les enfants du conseil communal des enfants et les familles lors d’ateliers parents / enfants. De l’autre, deux lieux qui prônent l’autonomie de l’enfant en les laissant s’occuper du lieu.

Comment modifier la place accordée à l’enfant dans la création ?

Vincent Vergogne de la Compagnie Les Demains qui Chantent et Cléa Petrolesi de la Compagnie Amonine étaient chargés de mener le dernier atelier.

 La démarche de Cléa Pétrolesi consiste à mettre les jeunes en posture de créateurs/acteurs. Elle se saisit des improvisations des jeunes, en sublimant leurs mots par réécriture au plateau. Par son approche, elle motive l’investissement personnel des jeunes grâce à certaines responsabilisations. Elle les invite à co construire l’expérience même de l’atelier : par le biais par exemple d’une prise en charge du programme d’échauffement à tour de rôle.

Le projet artistique de Vincent Vergogne puise dans la création partagée avec l’enfant. Celle-ci doit avant tout être un espace de confiance et pour cela il faut du temps mais aussi un aspect qualitatif. Pour Vincent, le travail de l’artiste réside en une capacité de se saisir des apparitions (mouvements, sons, rythmes créés par des gestes inopinés…) qui sont nées des expérimentations de l’enfant en immersion dans ce contexte de création. Cela dans le but de bâtir une ébauche de forme artistique en écho avec l’élan spontané de l’enfant.